mercredi 16 avril 2014
Rosa und konsorten, lecture musicale sur mode improvisatoire
Cinq femmes, cinq écritures. Dans les sillons de Rosa, dans cette volonté farouche d’être au monde, il y a des sœurs de plume, des compagnes lucides et amoureuses, par-delà les décennies, au détriment des géographies. Correspondances, journaux intimes, romans autobiographiques, des bouts d’elles à chaque retour à la ligne. Louise Michel, Marina Tsvetaïeva, Violette Leduc, Frida Kahlo et Xavière… D’autres assurément, avant Rosa, pendant Rosa et après Rosa, elles et nous, confondus dans le règne de l’espérance. Cinq tempéraments en une lecture, des fragments littéraires délivrés en musique, aux allures de graines, pour que poussent nos luttes à la beauté sauvage.
Laurent Grappe : Echantillonneur et installation sonore
Ce musicien articule pièces acousmatiques où la voix est présente et "objets sonores à jouer en direct". Par cette double pratique (musique des sons fixes et improvisation libre) il conçoit une écriture colorée et en mouvement, une écriture phonographique, acousmatique.
(L'écriture de Rosa und konsorten étant en cours, aucun extrait ne peut être proposé ici. Voici néanmoins un lien pour vous (re)familiariser avec l'univers de Laurent G. http://www.local-contemporain.net/audio04/ )
Emilie Weiss : Comédienne et plasticienne
Artiste protéiforme, le corps la voix le geste, des crayons, un bouquin, un songe, pas une journée sans, et parfois un travail visible, jamais bien achevé, la recherche au cœur de son parcours de création, la recherche comme processus révélateur. Et la poésie. Et puis les rencontres, à l'encontre, allant vers. La discussion est ouverte.
INFO TOUTE FRAICHE :Et une bonne nouvelle, une! Nous rejoint pour Rosa und Konsorten Michel COPPÉ, violoniste émérite... Sur les routes, il a pu s'arranger pour un aller-retour express et hop, il sera là! Le trio Laurent-Émilie-Michel se reformera donc à l'occasion de cette Quinzaine après avoir trouvé des voies d'accords en novembre 2013 à la Fabrika Karabinova avec le texte Bureau de Tabac de F.Pessoa... Heureuses retrouvailles en vue donc!
Un lien pour les curieux :
http://www.clair-obscur-baroque.fr/les-musiciens-groupe-de-musique-classique/michel-coppe-violon-baroque
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"L'être, comme la race, monte et s'épanouit en feuilles et en fleurs. Pareils aux fruits verts, nous ne serons bons qu'à engraisser le sol, mais ceux qui viendront après nous porteront semence pour la justice et la liberté. La sève qui monte, à notre époque de transition, est puissante." - extrait des Mémoires de Louise Michel.
RépondreSupprimerFrida Kahlo. Des mots posés, accolés sur la feuille.
RépondreSupprimerDes bribes de textes, des fragments de dessins.
Un journal intime composé de traces quotidiennes,
et dans une désinhibition des mots
se glisse une parenthèse en langue allemande,
langue familière à Frida de par les origines de son père.
Eut-il été satisfait de cet allemand approximatif
annoté dans ces feuillets,
peu importe, la langue est là,
magnifiée plastiquement de ratures,
et dans le sens le texte se comprend ainsi :
Et le requin a des dents
Et il les porte sur le visage,
Et Macky, il a un couteau.
Mais le couteau on ne le voit pas.
Et voici le report fidèle des lettres tracées :
Und der Heifisch er hat zähne
und die tragt er ihm gesicht
und der Macky hat ein messer
doch das messer siht man nicht.
Saint François d'Assise
Und der Heifisch er hat zähne
und die tragt er ihm gesicht
und der Macky hat ein messer
doch das messer siht man nicht.
Manhattan
Und der Heifisch er hat zähne,
und die tragt er ihm gesicht
und der Macky hat ein messer
doch das messer siht man nicht.
Mexico. Coyoacàn.
Paris. New York.
Ces quelques vers, répétés ici
- par pur plaisir mélodique?
par goût de l'atroce répétition? -
proviennent de l'Opéra de quat'sous,
de Brecht et Weill, "Mack the Knife".
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerTsvetaïeva, Tsvetaeva, Marina Ivanovna, Marina,
RépondreSupprimerextrait de Vivre dans le feu, Confessions :
Je ne me connais pas d'influences littéraires,
j'en connais des humaines.
Je regarde la mer -
de loin et de près,
je plonge les mains en elle -
mais dans son entier
elle n'est pas à moi,
je ne suis pas à elle.
Se fondre et se confondre
est impossible.
Devenir vague?
Violette Leduc... doc vidéo glané sur le net :
RépondreSupprimerhttp://www.ina.fr/video/CPF10005791
• Violette Leduc, La bâtarde.
RépondreSupprimerJe suis née le 7 avril 1907 à cinq heures du matin. Vous m’avez déclarée le 8. Je devrais me réjouir d’avoir commencé mes premières vingt-quatre heures hors des registres. Au contraire, mes vingt-quatre heures sans état civil m’ont intoxiquée. J’ai supposé que vous vous demandiez si un oreiller sur ma trogne couleur de tomate n’était pas préférable.
Tambours êtes-vous prêts ?
Vos joues ont mal de ne pas avoir mal. Le roulement sera votre félicité. Baguettes, frappez. Tambours, jouissez et que ce soit lent. Martelez, longs doigts des forêts. Et vive la fin du battement, petite aile palpitante. Roulement premier : mes bas. Roulement premier mes bas de soie.
• Xavière – La punition.
RépondreSupprimerLa voiture est venue me chercher à 15 heures. C’était le gris acier de Raymond. Nous avons roulé doucement, puis de plus en plus vite. Je me rappelle qu’il faisait soleil et que l’après-midi était d’un froid presque transparent. Nous avons traversé Paris et pris l’autoroute du sud. Sous le tunnel brusquement mon angoisse est tombée. Peut-être parce que la lumière était devenue orange par éclairs, par grondements, comme dans un orage, et que, dans ce bruit, je ne pouvais plus penser à moi. Nous n’atteindrions jamais cette ville, nous n’atteindrions jamais aucune ville. Et je n’avais plus d’avenir.
• Louise Michel
RépondreSupprimerÀ la fin de la ballade, bien entendu, la jeune fille aime le squelette et le suit dans l’inconnu ; ils s’en vont dans une vallée solitaire où l’on entend nul bruit qu’un solo de luth.
Ma vieille dame daigna approuver le lai du troubadour.
L’oiseau chantait
et frissonnait
Sous la feuillée
Et dans le vent l’âme envolée
Pleurait, pleurait.
Le plus malheureux c’est qu’il y a des choses bien.