ARTISTE n. m. ou f.
On désigne sous le nom
d’artiste une personne qui cultive les beaux-arts, soit en
professionnel, soit en amateur, ou qui joue sur un théâtre. L’artiste
peut souvent acquérir une grande influence sur le public et sur la
foule. Son rôle peut être noble et généreux, s’il défend une conception
généreuse de l’art ou s’il sait faire aimer l’humanité sous une fiction
artistique. L’artiste doit savoir exalter les bons sentiments de
l’homme et, surtout, ne doit pas mettre son talent au service du
pouvoir ni de l’argent. Hélas ! par l’effet même de la société
actuelle, les vrais artistes deviennent de plus en plus rares. De nos
jours, en effet, l’artiste, s’il ne veut pas mourir de faim, est obligé
- peu ou prou - de prostituer son talent. Car les conditions de vie
sont telles, que l’artiste se trouve en face de ce dilemme désespérant
: ou bien renoncer a son art, ou bien œuvrer suivant des directives
imposées, ce qui tend à renoncer à toute personnalité et à toute
indépendance. Cela se comprend aisément : une classe privilégiée
possède l’arme la plus redoutable de notre siècle : l’argent ; cette
classe consentira bien à venir en aide aux artistes miséreux, mais à la
condition que ces artistes deviennent ses instruments et qu’ils
renoncent à toute velléité généreuse, à toute initiative propre.
Lorsqu’un artiste se sent assez d’énergie et de ténacité pour passer
outre, lorsqu’il veut faire son œuvre sans se préoccuper des menaces ou
des corruptions, il est certain de se heurter ensuite à une
conspiration du silence sévère : on ignorera son œuvre, ou plutôt on
paraîtra l’ignorer. On conçoit dès lors qu’il y ait peu d’artistes
véritables : les uns se vendent, les autres abandonnent. On peut
compter ceux qui affrontent la lutte. Et les courageux qui restent ne
pourront jamais donner tout ce qu’ils étaient capables de donner.
Boycottés, tourmentés par le problème du pain quotidien, enchaînés par
les préoccupations matérielles, ils ne peuvent consacrer à leur art ni
le temps ni l’attention nécessaires. Pendant ce temps, ceux qui se sont
vendus peuvent travailler en paix et servir insidieusement la cause de
leurs protecteurs intéressés. Sous d’habiles fictions, ils peuvent
emplir de préjugés criminels le cerveau du peuple, comme on fait avaler
à un chien une appétissante boulette empoisonnée. Et tant que règnera
une caste possédante la situation demeurera inchangée. Il y aura
toujours des vendus tant qu’il y aura des acheteurs. Mais, en attendant
que naisse un état social meilleur, il faut que le peuple sache
reconnaître les artistes, qu’il sache les encourager et les soutenir...
et qu’il sache démasquer les trafiquants de l’art.
Georges VIDAL
12 mai : L'ASCL – L'art de la politique ou la politique de l'Art : Le pseudo-art devient un commerce - Débat autour de l'actualité de la réalité culturelle économique et politique, du système de partage des subventions publiques et la place de l'artiste intermittent ou non dans la cité - 18 h 30
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